Lectures de Walter Benjamin (citations) Blanc Grégoire 10.11.98
Textes de "Images de pensée" éd. C.Bourgois
Marseille / Moscou / Le caractère destructif
Marseille:Titre, exergues et intertitres. On dirait un jeu de cartes , avec la possibilité de changer l'ordre des différents textes.Composition en damier."
-C'est l'odeur du tartre qui s'attache aux puissante mâchoires : les kiosques à journaux, les pissotières et les étalages des écaillers. Le peuple du port est une culture de bacilles ; les portefaix et les putains sont des produits de décomposition à forme humaine./p103/-Les banlieues sont l'état de siège de la ville, le champ de bataille où fait rage sans interruption le grand combat décisif entre la ville et la campagne./p111/ -des limites invisibles partagent le territoire de manière nette et anguleuses entre les bénéficiaires, à la façon des colonies africaines./p104/ -Car l'enfance est le sourcier du chagrin, et pour connaître la mélancolie de villes si glorieusement rayonnantes il faut y avoir été un enfant./p108/-Plus nous nous éloignons du centre et plus l'atmosphère devient politique. /p111/
AXE: A) territorialisation et déterritorialisation, limites et frontières entre les différents espaces, les lieux, le passage vectorisé entre les différents ensembles. B) le lieu ouvre le temps et le temps ouvre l'espace, débordement du présent dans n'importe quelle présence.
Le caractère destructif:Article paru dans le Frankfuhrter Zeitung, 20.11.1931.Titre, WB adresse son texte , et traite le portrait esquissé - cum grano salis - de Gustave Glück."
-Le caractère destructif ne connait qu'un mot d'ordre : faire de la place ; une seule activité : déblayer. /p174/ -D'abord pour l'instant du moins, l'espace vide, la place que l'objet a occupée, où la victime à vécu. Puis il se trouvera bien quelqu'un pour se servir de ce vide sans se l'approprier. /p174/-Le caractère destructif est un signal. De même qu'un repère trigonométrique est exposé de toue part au vent, il est exposé de toute part au bavardage. L' en protéger n' a pas de sens. /p174/-Le caractère destructif vit dans le sentiment non que la vie soit digne d'être vécue mais que se suicider n'en vaut pas la peine. /p176/ -le monde, une fois examiné sous l'angle de sa vocation à la destruction, se simplifie prodigieusement. /p174/-le destructif ne voit rien de durable. /p177/ Parce au'il voit partout des chemins, il est lui-même à la croisée des chemins./p176/
AXE:A) Rerche de nouveaux espaces théoriques, le pli (plier l'histoire sur elle-même) ouvre un espace vide qui appèle à son articulation (mise en réseau de territoires). Création d'entrées et de sorties nouvelles dans le champ du savoir.
Moscou: Forme du texte: titre, 20 chapitres et références.
-Il en va avec l'image de la ville et des hommes comme avec celle de la situation intellectuelle. /chap1p25/ -Tous les quinze pas on tombe sur des femmes avec des cigarettes, des femmes avec des fruits, des femmes avec des sucreries./chap1p27/ -Du simple fait qu'à chaque pas on foule un sole dénommé. Et lorsqu'un de ces noms vous frappe, l'imagination construit en un tour de main tout un quartier autour de lui./chap2p29/-Toutes les couleurs de Moscou convergent en prisme ici, au centre du pouvoir russe. Les faisceaux lumineux des phares trop puissants fouillent l'obscurité./chap3p30/-L'oeil est infiniment plus occupé que l'oreille./chap3p30/-Une seule caste va bruyamant dans les rues : ce sont les chiffonniers avec leur sac sur le dos ; leur cris mélancoliques retentit une ou plusieurs fois par semaine dans chaque cartier./chap3p32/-Comme le commerce des icônes est considéré comme une branche de commerce des images et du papier, ces baraques avec les images des saints voisinent avec les stands de la papeterie, de sorte qu'elles sont de tous cotés flanquées d'images de Lénine, comme un prisonnier entre deux gendarmes./chap3p34/-L'éducation artistique (comme Proust le fait parfois très bien comprendre) n'est pas directement favorisée par la contemplation des "Chefs-d'oeuvre". Au contraire, l'enfant ou le prolétaire qui est en train de se former reconnaît avec raison comme chefs-d'oeuvre tout à fait autre chose que le collectionneur. /chap4p37/ -Leur lieu de résidence , c'est le bureau, le club, la rue./chap7p45/-Lorsqu'on tourne cette manivelle on voit la chose suivante : de petites ampoules électriques s'allument l'une après l'autre à tous les endroits où Lénine a passé au cour de sa vie./ch13p59/-Il y a aussi parfois un théâtre pédagogique sous la forme de débats judiciaires./chap16p69/-Car chaque région doit être visitée durant la saison qui voit l'extrême de son climat./chap19p77/-Mais dans l'optique de l'histoire - en cela l'inverse de l'optique dans l'espace -, l'éloignement est aussi un agrandissement./chap20p79/ -Le bolchevisme a aboli la vie privée. / chap 7 p44/
AXE:A) un pouvoir qui s'exibe et se montre au travers de signes qui remplissent les rues de Moscou, une structure communiste du gouvernement qui transperce les objets dans leur essence même. Liens de nature entre micro- et macro- système.
La caractère destructif de la machine de guerre Blanc Grégoire 16.12.98
"...le destructif ne voit rien de durable . "
"Le caractère destructif ne connait qu'un mot d'ordre : faire de la place ."
"D'abord pour l'instant du moins, l'espace vide, la place que l'objet a occupée, où la victime à vécu. Puis il se trouvera bien quelqu'un pour se servir de ce vide sans se l'approprier. "
Walter Benjamin,
Le Caractère Destructif
Gilles Deleuze et Felix Guattari parlent effectivement de "nomadisme urbain" dans leurs Traités de nomadologie : "la machine de guerre" et "le lisse et le strié " : Mille Plateaux. http://www.ambit.es/personal/sebastiantazorit1.htm
" La "machine de guerre" est un modèle d'organisation sociale, une forme d'occupation des espaces lisses équivalente à ce qu'est l'État pour les espaces striés. Le nom
ne doit pas tromper : la machine de guerre n'a pas la guerre pour objet. La guerre est pour elle une nécessité historique, puisqu'elle est contrainte de lutter soit dans
le cadre de l'État (quand il se l'est approprié et qu'elle devient armée), soit contre lui. La machine de guerre fait la guerre parce que l'État ne la laisse pas en paix,
mais sa définition n'implique pas la guerre : elle implique seulement "l'émission de quanta de déterritorialisation". Elle lutte contre la constitution d'un territoire,
c'est-à-dire d'un espace strié, contrôlé, verrouillé par des bunkers. La machine de guerre vit hors de l'État mais n'existe que par lui, parce qu'elle s'installe entre
ses deux pôles : n'ont prospéré que grâce aux flux de capitaux générés par la distance entre le pôle despotique et le pôle législateur de l'État espagnol. "
" Tout sera plus clair avec quelques exemples :
1º Mille Plateaux donne l'exemple de la Grèce classique : pour que l'Etat grec puisse réaliser l'unité de ses deux pôles (le despotique : pillage de l'empire Perse et imposition de son prope empire; et le législateur : isonomie, démocratie...) il lui a fallu mettre en place une armée et faire de la mer un espace essentiel. Or la mer était le lieu des pirates du Pont, et l'armée est toujours tentée de prendre le pouvoir : ces deux entités nomades que sont la mer et le travail des métaux ont été des points vitaux et périlleux de l'État grec.
2º On pourrait donner aussi l'exemple (parallèle) de l'Espagne et du Portugal aux XVIème-XVIIème
siècles,qui ont réalisé l'unité du despotisme aux Amériques et de la législation du Siècle d'Or en métropole. pour ce faire, vu les conditions économiques et géopolitiques de l'époque, il leur a fallu s'approprier l'océan, c'est-à-dire faire de cet espace lisse, vectoriel et nomade par excellence un espace strié, cartographié, qu'on mesure pour l'occuper. Or dans cet espace des forces résistaient à l'unification des deux pôles de l'État, forces dont la plus importante était représentée par la et les sociétés libres des Frères de la Côte. "
Le nomadisme, disposition active, qui permet d'appréhender les inombrables territoires . Mise en relation de savoirs hétérogènes, le nomade visite la multiplicité culturelle et déporte les connaissances, création d'un nouveau lieu théorique, d'un espace de réflexion (lieu vide?). Implique une déterrioralisation, constamment se déplacer , lutter contre la formation d'une sédentarisation , un errance que le nomade ne cesse de pratiquer .
Se tenir hors de l'espace cartographié, organisé. La division spatiale ( tant décrite par Michel Foucault " Surveiller et Punir " éd. Tell ) vise-t-elle à sédentariser les masses ? Ces mêmes masses qui font trembler toute constitution d'un Etat. Se déplacer c'est ne pas se laisser enfermer dans une grille.Et pourtant le nomadisme n'existe que sous une forme de lutte dans un cadre mis en place par un Etat. (cadre de contenance : "homme étuit" Walter Benjamin)
Ce travail est déjà de par sa méthodologie : citations, une démarche nomade,un nomadisme intellectuel, on se saisit de fragments de textes comme berceau d'une pensée, concepte et on ne se laisse pas enfermer dans une cellule de connaissance, mais on lui donne des frontières élastiques.
" Mon travail d'écriture consiste uniquement à mettre en oeuvre (à la lettre ) des notes, des fragements, (...) à toute époque de mon histoire. traiter un sujet, c'est amener des morceaux existants à se grouper dans le sujet choisi bien plus tard ou imposé".
Valéry