S/L Walter Benjamin contexte: Benjamin-Leary Liliane Schneiter 19/11/98

 

Topique Benjamin-Timothy Leary Improviser avec les techniques de son temps et savoir prendre congé de l'histoire

 

Walter Benjamin l'apollinien versus Timothy Leary le chevaucheur de lumière

 

"Le caractère destructif vit dans le sentiment non que la vie soit digne d'être vécue mais que se suicider n'en vaut pas la peine. [Il] ne voit rien de durable. Mais pour cette raison précisément il voit partout des chemins".

W. Benjamin, Le caractère destructif 1931

 

Il est piquant de voir Benjamin chercheur assidu des mémoires de l'histoire, faire le portrait du radical transformateur, alias le caractère destructif, de ce que j'appellerais l'éveilleur du futur.

Peut-on avancer ceci: que plus le chercheur intensifie son étude de l'histoire, mieux il parvient à prendre congé de l'histoire, à lui offrir son salut en l'ayant reconnu et donc à regarder l'avenir?

Walter Benjamin et récemment Timothy Leary ont ouvert des chemins dans de vieilles histoires et sont parvenus chacun dans son domaine d'étude au seuil du présent donnant signe aux décennies à venir. Pour exemple, Benjamin capte la mortalité des métropoles dans leur mutation en myriade de cités (Paysages urbains. Marseille, Paris), il annonce la séquestration de la vie privée des moscovites par le Parti (idem Moscou). Leary entrevoit les changements planétaires des états de conscience par le développement des cybercultures.

L'un et l'autre plaident en faveur des techniques et pratiques de l'illumination, laquelle implique entre autres choses, l'improvisation avec les techniques de son temps et cette défiance dont parle Benjamin à l'égard du cours des choses. Un affect fondamental du caractère destructif, dit-il, qui met de "l'empressement à constater à chaque instant que tout peut aller de travers".

 

 

Entretien de Timothy Leary avec le Dr. Carol Rosin, coordinatrice de la Voice Space Commission, un jour avant l'auto-désanimation de Leary, le 30 mai 1996.

"Timothy Leary: My life work has been to empower individuals to free herself and himself to grow and to be more free. Today, we move into next place. Use light to enjoy space for individuals.

Carol: What do you say to young people?

Timothy: Do it with your friends.

Carol: Do what?

Timothy: Ride the light into space.

Carol: You have said we are the light-bearers.

Timothy: I have sought the light to use light to be in space. Light is the language of the sun and the stars where we will all meet again.

Entretien avec T. Leary, quelques heures avant son auto-désanimation, le 31 mai 1996.

"Carol: Who are we?

Timothy: We are the light we are light-bearers.

Carol: What is our purpose?

Timothy: our purpose is to shine the light on others."

Timothy Leary's final trip, http://leary.com./home

Note: le site a reçu le prix des 12 "coolest Website" de l'année 1996

 

Le 9 février 1997, la roquette Pegasus de Celestis Inc. (Houston, Texas) programmée pour être pulvérisée, a été mise en orbite à 4h du matin depuis la base de Gando, Grandes Canaries (Espagne). Elle transporte les cendres du Dr. Timothy Leary et celles d'autres pionniers de l'espace, dont Gene

Roddenberry, créateur de Star Trek. http://www.celestis.com/

 

Biographie en bref: Timothy Leary professeur au Département de psychologie à l'Université de Harvard dans les années '60, a été arrêté en 1966 pour usage de drogues. Sorti de prison en 1970, il cherche asile en Suisse. Il est fait prisonnier par des agents du DEA,extradé en Amérique et fait prisonnier. Il est relaxé en 1976, s'installe en Californie où bénéficiant de bourses de fonds privés, il poursuit ses travaux de recherche sur les technologies électroniques, il donne des conférences et écrit.En 1997, il réunit un groupe "les cyber wizards" pour créer le site "home in cyberspace" . Il décède à l'âge de 75 ans des suites d'un cancer, le 31 mai 1996 dans sa maison à Beverley Hills.

 

La figure conceptuelle du destructif inventée en 1931 par Walter Benjamin s'éclaire au passage de la dernière décennie du 20e siècle. Quand Benjamin a demandé par courrier à son ami Gershom Scholem ce qu'il pensait de son texte sur le Caractère destructif, Scholem n'a, semble-t-il, rien répondu. Le destructif pourtant était revisité par Benjamin comme celui qui ouvre des chemins dans les maquis de l'histoire, des techniques et des savoirs, ce qui ne devait pas laisser insensible l'ami qui ouvrait la cabbale non sans impetus et violence. Sachant aujourd'hui mieux que jamais la portée inaugurale de l'intérêt de Benjamin pour les techniques et pratiques de l'illumination par la fragmentation, par la citation et la reproductibilité, le texte de Benjamin peut être réévalué par les derniers mots de Leary "ride the light into space", - chevauchez la lumière dans l'espace.