Walter Benjamin

Stéphanie Hugyik JANVIER 1999

 

POESIE URBAINE - DOUBLE CULTURE

 

Transformation et appropriation de la langue dominante par les citoyens de la banlieue.

 

Citation de Marseille : "Les banlieues sont l'état de siège de la ville, le champ de bataille où fait rage sans interruption le grand combat décisif entre la ville et la campagne."

 

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Poèmes de la banlieue : vocabulaire

 

J'neco ap = je ne connais pas. la Marseillaise = French national

anthem (&laqno;Allons, enfants de la... Patrie, le jour de gloire est arrivé» etc.)

 

manger ses fraises = habiter, vivre

 

Au deblé = bled (ici village algérien)

céfran = français

 

cefran = France

 

kéblo = bloqué

 

séca = cassé (ici j'ai envie de partir)

tchav' = quitté

 

vétrou = trouve

 

chelou = louche (ici c'est bizarre)

 

un djez = un Algérien

 

Ma téci

 

J'kif = j'aime

 

téci = cité (i.e. a suburban council estate)

 

mon lagevi = mon village

 

cevi = vice (ici si tu n'est pas assez fort?)

les dulars = les lardus (les flics)

 

tiépi = pitié

 

ceras = races

 

charnelles = filles

 

c'est d'la balle = c'est magnifique

 

avoir la dalle = avoir faim (ici la banlieue me manque)

 

c'est canon = c'est super

 

mon artère = mon coeur

 

Ce poème de banlieue fait office d'index de vocabulaire avec traduction de quelques mots, ou d'expressions courantes utilisées dans la périphérique (border culture).

 

Ce poème proposé sur un site d'Internet nous montre bien qu'actuellement encore, les banlieues sont toujours l'état de siège de la ville, pas seulement entre ville et campagne, mais surtout par rapport à un développement culturel spécifique qui s'exprime dans la langue parlée.

 

En France, au 17ème siècle, lorsque Louis XIV se rendait à Nice ou à Marseille, il avait besoin d'un traducteur pour comprendre les autochtones de ces régions, et pourtant c'était bien du français qu'ils parlaient, idem avec les paysans qui peuplaient les alentours de Paris, il ne les comprenait pas, étant donné qu'ils n'avaient pas le même accent, qu'ils roulaient les "r" et avaient leur propre vocabulaire. Il ne voulait peut-être pas les comprendre, voulant imposer à tous le "bon français".

 

Chaque région, cité, communauté et ethnie au sens large du terme, développe son propre langage en opposition au langage dominant, invente ses propres points de repères dans la langue et contribue ainsi à la création, à l'enrichissement et à la transformation de cette dernière pour se l'approprier et la rendre sienne.

 

Cette création et transformation d'une langue existe par ce que l'individu ressortantissant d'une minorité ne peut exprimer se qu'il ressent, ce qu'il voit, ce qu'il vit dans sa propre réalité au moyen d'un médium imposé, au moyen d'images véhiculées qui ne lui appartiennent pas. Dès lors, il réinvente son propre moyen d'expression.