Introduction à la grammaire japonaise ou
Comment parler "pseudojap" en quelques heures



La grammaire japonaise est unique, dans le sens qu'elle est simple, logique, quasiment sans exceptions, et qu'elle peut être couverte en quelques heures. Je présente la structure du japonais en introduisant "pseudojap" (mon invention...) qui est tout simplement les mots du français avec la structure grammaticale du japonais. Toute personne n'ayant aucune connaissance de japonais peut suivre cette page, quand aux autres... je pense qu'il y trouveront aussi des choses d'intérêt.

Ce qui rend la grammaire japonaise si simple...
Toutes les difficultés qui compliquent l'apprentissage de la grammaire d'une langue étrangère sont inexistantes en japonais. Ainsi, il n'y a pas en japonais d'articles, pas de marque du pluriel, pas de conjugaisons de verbe, pas de pronoms. Les différents temps des verbes sont peu nombreux et se forment d'une manière simple et systématique. De plus, toute partie de la phrase (à l'exception du verbe) qui peut être comprise par le contexte peut être omise. Vous vous demandez peut-être comment on peut communiquer avec une langue aussi simplifiée: ne vous inquiétez pas! Vous verrez que toutes les nuances du français (et d'autres) peuvent également s'exprimer en japonais.

La notation polonaise inverse: une petite disgression mathématique...
Certains d'entre vous, en particulier les utilisateurs de machines à calculer Hewlett Pakard, sont probablement familiers avec la notation polonaise inverse. Dans une machine à calculer "normale", si l'on veut calculer par exemple "3 * 4", on introduira dans l'ordre:
"3" "*" "4" "="
Dans une machine à calculer en polonaise inverse, on introduira:
"3" "enter" "4" "*"
Quand on presse "3" puis "enter", on met le nombre "3" dans le stack de la machine, ensuite on introduit "4", puis quand on presse sur "*", la machine à calculer prend le nombre du stack (3), le nombre courrant (4), les multiplie, et rend le résultat (on espère, 12). Bien que cette méthode séloigne de la manière dont on écrit les équations, elle a comme avantage qu'elle élimine l'usage de paranthèses, et qu'elle est plus rapide. Voici pourquoi: supposons que l'on veuille calculer "(4+5)*3". Avec une machine à calculer normale, on introduira:
"(" "4" "+" "5" ")" "*" "3" "="
c'est-à-dire qu'on devra presser sur huit touches pour avoir le résultat. Avec une machine à calculer en polonaise inverse, on introduira:
"4" "enter" "5" "+" "3" "*"
c'est-à-dire qu'on devra presser sur six touches, soit deux de moins qu'en notation normale. Ainsi, en changeant l'ordre d'introduction des éléments, en plaçant les opérandes avant l'opérateur, on a pu éliminer l'emploi des parenthèses et gagner en efficacité. J'ai toujours trouvé étonnant la similarité entre le japonais et la notation polonaise inverse. Les deux demandent un peu d'exercice pour s'habituer à leur structure, mais on y gagne en efficacité, en éliminant les parenthèses dans les calculs, ou en éliminant l'usage des pronoms en japonais. Mais je disgresse: revenons à nos moutons...

Structure de la phrase
Apprenez par coeur la phrase suivante: elle devrait vous permettre de mettre les éléments d'une phrase japonaise à leur place. Les descriptifs se mettent avant l'objet décrit, les acteurs avant l'action. En d'autres termes, il faut mettre le verbe principal (=action) à la fin, et toutes clauses ou adjectifs (=descriptifs) se rapportant à un mot se placent avant le mot (=objet décrit). Une autre caractéristique du japonais est de placer une particule après chaque mot (sauf les verbes, adverbes, et les mots indiquant une quantité) spécifiant le rôle qu'il joue dans la phrase (objet direct, sujet, destination, etc.). Grâce à cela, l'ordre des mots dans la phrase (en dehors de la règle ci-dessus) est relativement libre, contrairement au français où seul l'ordre des mots nous permet de distinguer entre un sujet et un objet direct, par exemple. Voici quelques exemples pour clarifier ces notions:

Exemples:

1) "Le chien du voisin est dans le jardin." devient:
voisin<possessif> chien<thème> jardin<lieu où on est> être (présent poli)

2) "Le livre que tu m'as prêté est posé sur la chaise." devient:
(toi<sujet>) moi<objet indirect> prêter (passé) livre<objet direct> chaise<lieu où on est> être posé (présent poli)

3) "Je suis allée hier à la foire du village parce qu'il faisait beau temps." devient:
moi<thème> temps<sujet> être beau (passé) <parce que> hier village<possessif> foire<lieu de destination> aller (passé poli)

Remarquez dans la phrase 1) que "voisin" vient avant "chien" (descriptif avant objet décrit), et qu'il y a une particule après chaque mot (écrite entre parenthèses triangulaires) sauf le verbe. Le verbe vient en dernier (acteurs avant l'action), et il n'y a pas d'articles. J'indique aprés le verbe entre parenthèses le temps et la forme (polie ou non) du verbe.

Dans la phrase 2), "que tu m'as prêté" vient avant "livre", d'après la règle que le descriptif vient avant l'objet décrit. L'ordre des mots à l'intérieur de cette subordonnée est le même que dans la phrase principale. Ainsi, "toi<sujet> moi<objet indirect>" vient se placer avant le verbe de la subordonnée. Remarquez que le verbe de la subordonnée n'est pas mis à la forme polie. L'objet auquel se rapporte cette subordonnée (le livre), vient naturellement se placer juste après, ce qui rend l'usage d'un pronom relatif (le "que" de la phrase) inutile. C'est grâce à l'ordre des mots du japonais qu'on peut se passer de pronoms relatifs. Le mot "toi" est entre parenthèses dans la phrase, car il peut être omis, étant évident par le contexte.

Dans la phrase 3), on voit que la subordonnée vient se placer avant le verbe de la principale. L'adverbe de temps "hier" n'a pas de particule.

A propos de parabole
Toute partie de la phrase évidente par le contexte (à l'exception du verbe) peut être omise. Ainsi, la phrase "Mon frère est à la maison" s'écrirait normalement en japonais par

moi<possessif> frère<thème> maison<lieu où on est> être (présent poli)

Cependant, si c'est en réponse à la question "Où est ton frère?", "mon frère" est évident par le contexte et peut être omis. La réponse japonaise sera ainsi

maison<lieu où on est> être (présent poli)

De même, si la question était "Est-ce que ton frère est à la maison?", la réponse peut encore être plus simplifiée:

être (présent poli)

Ainsi, où en français on utiliserait un pronom personnel ("Il y est" pour dire "Mon frère est à la maison"), la parabole du japonais permet d'omettre complètement le mot.

La suite: bientôt, avec exercices interactifs!

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Cette page est maintenue par Mathilde Rüfenacht.
Cette page a été créée le 19 septembre 1998. Elle a été modifiée pour la dernière fois le 28 septembre 1998.
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